Dès 2011, son diplôme de management en poche, Jim retourne chaque année grimper au Yosemite, et progresse. En 2015, il décroche un job de guide de randonnée à la « Yosemite Mountaineering School » de ses débuts… Et l’année suivante, intègre l’équipe du YOSAR comme secouriste, grâce à son talent en escalade et son excellente connaissance des lieux. Depuis 2016, Jim a participé à des dizaines de secours au Yosemite. Autant dire qu’il connait les dangers de la montagne et leurs possibles conséquences. « J’ai vu à quoi on ressemble quand on s’écrase au sol après une chute de 300 mètres. Ces images macabres sont en moi pour toujours ». Mais Jim s’en accommode, malgré son penchant prononcé pour le solo, le speed climbing et les ascensions extrêmes ! Ce qui l’a amené à bien s’entendre avec Brad Gobright quand il l’a rencontré en 2013, à Squamish. Ensemble, ils connaitront une courte gloire en devenant détenteurs du très convoité record de vitesse sur le Nose en octobre 2017 (après 10 répétitions de la voie pour s’entrainer), parcourant près de 1000 mètres de paroi verticale en 2h19mn44s. Alex Honnold et Tommy Caldwell pulvériseront ce record le 6 juin 2018 en passant sous la barre des 2h. En mars 2019, Jim a inauguré une nouvelle forme de solo intégral extrême qui fera date dans l’histoire de l’escalade en réalisant l’ascension de la voie Afanassieff (6a+, 1550 m) sur le FitzRoy, sommet emblématique de Patagonie. À vue, en solo intégral, et surtout en aller-retour, ce qui n’avait jamais été fait, c’est-à-dire en désescaladant toute la voie en quelques 16 heures d’effort et de concentration. Le tout en Patagonie, bout du monde réputé pour ses météo instables, sur un itinéraire long en terrain alpin hautement aléatoire, sans casque, ni baudrier, ni topo. Ce qui était une éthique suprême pour Paul Pruss, fervent adepte du solo en aller-retour, est plutôt pour Jim une manière très personnelle de s’exprimer en tant que grimpeur et de se sentir en accord avec lui-même, et en communion parfaite avec la montagne. C’est comme ça qu’il se sent bien ! Et selon lui, ça n’a pas à être glorifié ou condamné. « Mon art est la combinaison de notre humanité avec la splendeur de la nature brute. C’est comme danser dans un tableau » explique-t-il. Et que répond-il aux détracteurs qui prétendent que la corde emportée au cas où dans son sac, même s’il ne l’a pas utilisée, enlève quelque chose à son solo intégral ? « Bien sûr que si, j’ai fait le Fitz Roy en solo intégral. Mais est-ce que j’aurais pu le faire dans un style encore meilleur ? Est-ce que j’aurais pu pousser le solo à un niveau encore plus élevé ? Bah, ouais. J’aurais pu le faire pieds nus et torse nu. Ou à poil. »